Miaou l’été

Il pleut sur la terre noire, quelques trous comme des pattes de chats. Je regrette déjà la saison qui s’achève et c’est sans aucun doute la première fois. La brûlure du souffle, les nouveaux cheveux blonds sur la tempe, les douches de l’après-midi, le sable hurlant aux orteils de courir jusqu’aux galets humides, les bracelets de sel sur les poignets, les drapeaux bicolores délimitant la zone de baignade qu’on enfreint dans une brasse coulée, le goût du risque minimal et de l’aubergine brûlée, les régimes au houblon et la mousse de Guinness qui blanchit la moustache, les tatouages de soûlards, imbibés à l’amour et à la Kronenbourg, dessinés à l’encre tremblante à 1 heure du matin dans un élan, naïf mais solennel, de fraternité. Nous portons désormais un voilier sur le bras, un prénom sur la cuisse et quatre lettres illisibles sur le tibia.

Alors qu’on a remis les voiles, chacun au bord de son continent, on trimballe nos souvenirs d’été sur la peau et en dedans, quelques bleus, quelques trous comme des pattes de chats. 

Elisa Routa

Journaliste et écrivaine, Elisa Routa publie depuis plus de 12 ans ses portraits, essais et récits d'aventures dans des magazines francophones et internationaux. Elle sort son premier recueil de chroniques en 2020 aux éditions Tellement. 

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