Disco Queen 2024
Les médias parlent de Football Féminin. Pour moi, c’était seulement du foot. Du foot comme les garçons, comme Zizou. Du foot comme mon frère. Je n’ai jamais pratiqué de foot féminin, et, à vrai dire, je ne sais pas vraiment à quoi ça pourrait ressembler, du foot féminin.
Ma rencontre avec le foot a été aussi brutale que salvatrice ; un groupe de filles un peu bourrues avec un fort accent landais devenues en un molard de terrain mes amies.
Au début des années 2000, ce n’était pas évident d’être une fille qui joue au foot, et encore moins facile d’être une fille qui a un crush pour une autre fille de son équipe. À l’époque, les seules réf dans la team, c’était Catherine Lara et Muriel Robin alors que je me rêvais en un mélange de fluides entre Shania Twain et Florence Arthaud. J’étais la fille bizarre. Ce mot je l’ai entendu si souvent que je me suis accaparée l’injure, je l’ai déformée pour, en de pertinents tours de langue, la réutiliser. Rattrapée par l’excitation de la transgression, j’ai accentué le trait, du gros feutre sur les vêtements bizarres, les coupes de cheveux bizarres, les couleurs de cheveux bizarres, la musique bizarre, j’ai incarné le bizarre, le queer. Ce terme englobait tout : mon originalité prenait sa source dans l’abysse de mon identité.
Pourtant, j’aurais préféré me fondre dans la foule, rester spectatrice du monde pour le scalper puis le décrire mais avec mes créoles à l’arcade, qu’on le veuille ou non, j’étais différente. Va savoir de quoi. Alors j’ai adopté la nonchalance pour masquer l’embarras.
Aujourd’hui, alors que je réponds à un énième appel à projets pour une résidence d’écriture, que je bosse sur mon premier roman depuis maintenant deux ans, que je suis amoureuse d’une fille depuis 14 années, mes amies se marient. Elles se marient avec des hommes, avec des femmes, elles ont des enfants qui ont déjà des gueules et des applis d’adolescents. Elles font construire dans un lotissement, avec des hommes, avec des femmes, double garage, fauteuils inclinables et porte pour chats dans la cloison. Elles adoptent des gros chiens et des rats qui aboient mais ne ressemblent à rien. Certaines font partie de l’équipe Seniors, la catégorie foot des bientôt 40 ans, d’autres sont trésorières du club ou n’ont jamais retouché un ballon rond. Pas le temps. Elles font du crossfit, du vélo et des marathons gourmands, elles ont un QR code pour la salle de sport, et en bonus une sélection de recettes santé.
Bref, je ne sais pas quand est apparu le militantisme dans ma vie mais j’ai à vue l’importance des luttes dans le sport, et c’est le sujet du prochain Disco Queen lors du Queen Classic Surf Festival.
Militantisme dans le sport et les sports de glisse : est-ce que les sportif.ve.s sont des citoyen·ne·s comme les autres ?



Puisque je fais une sortie publique par an, soyez au rdv ce weekend à Biarritz bande de chiens à poils courts.
Quelques éléments de réponse seront donnés par mes golden invité.e.s présent.e.s sur place, la championne paralympique Marie Patouillet, la socio-historienne Anaïs Bohuon, la journaliste et illustratrice Chloé Célérien, les fondateurs de Skate Her Lucie Curutchet et Gaëtan Ducellier et la surfeuse et activiste Saltwater Pilgrim et en guest audio la surfeuse Gazaoui Rawand Abu Ghanem.
Je vous divulagache le fin mot de l’histoire : bizarrement, ça va être bien.